Olly se battait intérieurement pour ne pas se rendormir. Il faut dire qu'elle n'avait pas dormi de la nuit. L'obscurité était encore totale dans sa chambre. ""Allez ma petite, il faut se lever." Lentement, elle leva le bras. Elle eût l'impression qu'il pesait des tonnes. Machinalement, elle allumé sa petite lampe de chevet. Un livre était ouvert sur la table de nuit. Le titre : "Mourir est une délivrance" Olly soupira, un sourire au lèvres. On lui reprochait souvent d'être froide, voire dépressive. Ce n'est pas en lisant des bouquins comme celui ci que cela allait s'arranger. Ses yeux s'entrouvrirent un instant pour se refermer une seconde plus tard. Cela l'étonnait. D'habitude, c'était normal pour elle, la routine, on se lève, on va au boulot. Mais aujourd'hui, l'envie n'était pas au rendez-vous. Il faut dire qu'elle ne faisait pas un boulot... commun. Agent secret. Si ses parents avaient sus ! Elle aurait aimer leur montrer ce qu'elle était devenue. Mais s'était trop tard. La vieillesse, la maladie les avaient emportés. Olly ne savait pas si elle en était triste. Quand on lui avait appris la mort de son père, elle n'avait pas pleuré. Elle avait souris et remercié celui qui l'avait informé. Elle l'avais embrassé sur la joue et l'avait mis à la porte. Ni trop gentil, ni trop méchant. Elle aimait procéder comme cela. Instinctivement, elle passa la main sur sa table de chevet, en quête de sa montre. Ses doigts rencontrèrent alors quelque chose de dur et de sec. Étonnée, elle releva la tête, les yeux a demi-ouvert. Un vieux biscuit. Que faisait-il là ? Sans doutes, avait-elle grignoté quelque chose, hier soir. Cela lui arrivait souvent. Mais là, elle ne s'en rappelait pas. De toute manière, elle ne se rappelait presque jamais de ce qu'elle avait fait le soir, la veille. Brutalement, elle repoussa la couverture qui lui couvrait la tête. Il était déjà 6 heures passées. Elle n'était pas en retard, mais elle adorait être à l'avance. Attrapant sa montre, elle l'enroula autour de son poignet. Le temps. Insaisissable, et pourtant si proche de nous. Olly regarda pendant quelques minutes les aiguilles tourner lentement, comme au rythme d'une mélodie inaudible. Elle secoua la tête. Pas le temps. Machinalement, comme si s'était automatique, elle enleva sa nuisette et s'habilla. Jean et T-shirt so british. Habituel. Elle passa un coup de peigne dans ses cheveux, se lava les dents, et, rapidement, sortit de chez elle. Elle descendit l'avenue d'un pas rapide. Tout ces gens, qui, naïfs, ne se doutaient même pas une seconde de ce qu'elle pouvait être. Le mystère planait sur elle. Elle n'était pas bête, elle voyait bien que les passants l'évitaient. Quel est son métier ? Elle gagne bien sa vie ? Qu' est-ce qu'elle fait de ses journées ? Pourquoi ses rideaux sont toujours fermés ? Tant de questions qui ne trouverons jamais de réponses que les gens se posaient. En s'assurant qu'elle n'était pas suivie elle s'engagea dans la voie menant au QG.

~

Ses pas résonnaient. Tac, tac, tac.... Voilà ce que les jeunes filles bourgeoises aimaient chez les talons. Tac, tac, tac... Au moins, on les entendaient venir. Olly soupira. "Je suis incorrigible comme fille." Discrètement, elle se dirigea vers les toilettes. Elle s'enferma à clefs et retira ses chaussures à talons. Elle sortit sa vieille paire des basket qu'elle gardait toujours dans son grand sac. Elle les enfila, rangea les talons et sortit, après s'être assurée que personne ne l'avait vue. Elle se faisait rire elle même. Tout ce cinéma pour ça. Elle sourit et ouvrit la porte des toilettes. Elle sortit en vérifiant que ses chaussures inconfortables n'étaient pas tombées derrière elle. Olly se demanda si quelqu'un allait la remarquer. Elle était nouvelle, il fallait le dire.

Un rapport de livraisons à la société Universal Export basée à Londres. Cette société d'import-export n'existait pas en réalité, cela faisait des années qu'elle servait de couverture aux services secrets britanniques. M endossait au téléphone la fausse identité d'Henry Lawliet, le patron de ce groupe. Sa voix était légèrement déformée pour qu'elle paraisse moins âgée si jamais quelqu'un écoute la ligne. Les lignes utilisées par le MI6 sont protégées en général mais il fallait rester prudents si jamais quelqu'un trouvait le moyen de percer toute cette sécurité.

Rapport d'Arthur Lawliet en voyage à Cuba
- 10 kilos de bananes
- 50 kilos de mangues
Le tout livré à Banania Bar ce soir.
Votre fils qui vous embrasse.

Arthur.

M, assis dans son bureau, parcourut la courte lettre de l'agent Heines qui était infiltré à La Havane. Il se faisait passer pour le fils du grand patron d'Universal Export. Le message était codé bien sûr. Les bananes désignaient l'héroïne et les mangues désignaient la cocaïne. 10 kilos d'héroïne et 50 kilos de cocaïne avaient donc été saisis par les agents du MI6 lors de la dernière mission. Banania Bar était le nom de code choisi par Barry Bernstein, un agent de liaison fidèle au SIS depuis une vingtaine d'années.
L'opération contre les narcotrafiquants du coin n'était qu'un pavé jeté dans la mare. Ils n'avaient rien saisi par rapport à toute la drogue qui transitait vers l'Europe et les Etats-Unis.

M se leva et enleva ses lunettes. Il rangea les documents dans un tiroir de son bureau et se dirigea vers la porte pour prendre l'air. Il portait ce même costume gris foncé et il sortit de sa poche sa fidèle pipe en terre pour aller fumer. Il grogna devant Miss Moneypenny qui, soit disant, ne supportait pas l'odeur du tabac. Il descendit donc dans le hall du bâtiment principal où il croiserait sûrement du monde et ça lui permettrait de montrer que le patron était toujours là et qu'il pouvait sortir de son bureau. Il salua Charles Robinson au passage qui s'empressait d'emmener plusieurs dossiers aux bureaux des analystes. Vauxhall Cross était l'un des endroits où on devait courir le plus en Angleterre.
M s'arrêta finalement dans le hall et mit un peu de tabac dans sa pipe. Il porta l'objet à ses lèvres et recracha une bouffée de fumée grisâtre. On lui répétait que c'était mauvais pour sa santé mais il en avait strictement rien à faire. Ce réflexe qu'il avait acquis dans la Marine, il ne s'en débarrasserait pas de sitôt.

M salua quelques collègues en passant. Il en cherchait un en particulier parmi tous les employés. Il s'agissait de Bill Tanner, le chef d'état-major de M. Tanner connaissait bien l'amiral Messervy depuis qu'il était devenu chef du MI6. M continua à arpenter les couloirs. Il passa devant les toilettes où il aperçut une jeune femme en sortir. Elle semblait vérifier qu'elle n'avait rien perdu.
M se mit à sourire et la salua d'un bref.

" Bonjour mademoiselle. Comment vous appelez-vous ? "

Il fixa la jeune femme et fouilla dans la banque de visages que sa mémoire avait retenu. Il pensait savoir qui c'était car tous les dossiers de recrutement passait sous les yeux du grand patron mais il n'en laissa rien paraître.

" C'est la première fois que je vous vois dans ces locaux. Vous pouvez m'appeler M. "

Quand elle entendrait le " M ", elle saurait qu'elle faisait face au grand chef du MI6. Personne ne connaissait son nom excepté quelques personnes talentueuses et proches de M. James Bond avait été le seul a démasquer M en enquêtant sur le chef du MI6. Cela avait valu à Bond de devenir l'un des meilleurs agents du service même si M ne s'en sentait pas tellement proche.
M resta le regard fixé sur la jeune femme en attendant une réponse.

Alors qu'elle jetait un dernier coup d'oeil derrière elle, un homme d'age mûr s'approcha d'elle, un sourire diplomatique aux lèvres. Il la salua d'un signe de tête poli. Olly remarqua la pipe qu'il portait régulièrement à ses lèvres. Quand il l'enlevait, une fumée grise et blanche s'élevait dans l'air. Olly la suivit des yeux. D'une voix accueillante, presque rassurante, il lui dit :


" Bonjour mademoiselle. Comment vous appelez-vous ? "

Il fixa Olly. Il cherchait le nom de son interlocutrice, puisque Olly se doutait bien qu'il avait déjà vu la photo de son dossier.

" C'est la première fois que je vous vois dans ces locaux. Vous pouvez m'appeler M. "

Olly fut ravie de voir qu'elle parlait a M. Au M. Olly s'inclina légèrement, heureuse de rencontrer son nouveau patron. Il avait les cheveux gris, le regard sérieux, de grandes lunettes aux branches noires, et il semblait ne jamais quitter sa pipe en bois. La jeune femme se passa une main dans les cheveux, un petit peu gênée. Elle se repris et lui répondit d'une voix polie :

-"Bonjour, M. Ravie de vous rencontrer. Mon nom est Olly, Olly BlackStone. Comment allez-vous ?"

Who était plutôt de bonne humeur aujourd'hui. Et cela se traduisait parce qu'elle avait apporté à la section Q. Uniquement pour la section Q. Les autres sections pouvaient bien aller voir ailleurs.
Une tarte aux fraises, une autre aux citrons amers et meringuée, des éclairs au café et un gâteau au chocolat. Bien sûr, ça n'était pas des petits gâteaux. Il fallait qu'il y en ait pour toute la section.
Généralement, à la section Q on la craignait toujours autant même de bonne humeur et qu'elle ramenait de quoi manger. Ce n'était pas parce que ce n'était pas mangeable, au contraire, c'était même délicieux et tout le monde se régalait. C'est juste qu'elle avait la fâcheuse manie d'envoyer à l'infirmerie celui ou celle qui ne finissait pas sa part et hurlait quand il restait une seule miette de ses douceurs dans les assiettes.
A coups de gadgets explosifs, couteaux, fusil à pompe.

Et comme à chaque fois dans la semaine, elle se dirigeait vers le bureau de M avec dans ses bras, une boîte noire dont le contenu semblait fragile vu comment elle le tenait.
Elle sortit un bout de tarte aux pommes pour MonneyPenny, et alla entrer donner le tiramisu du chef lorsqu'elle la secrétaire lui dit qu'il était sortit prendre l'air. Et fumer sa pipe. Son horrible pipe parce qu'elle ne supportait pas le tabac. Miss MonneyPenny, pas Who. Cette dernière se fichait pas mal du tabac.
Bon, alors ça voulait dire direction le hall.
Et elle s'y rendit.

M était en train de discuter avec quelqu'un d'autre. Une jeune femme. Jamais vu.
Une autre agente?!

-Bonjour Chef! Je vous ai ramené votre tiramisu de la semaine, dit-elle en lui tendant une assiette avec la part de tiramisu dessus et une cuillère.

Toujours dans sa bonne humeur, même si ça ne se voyait pas physiquement, elle se tourna vers la jeune femme.

-Bonjour. Vous êtes nouvelle je suppose? Je m'appelle Who, je travaille à la section Q. Vous voulez un cupcake?

Elle lui mit la boîte sous le nez, vivement, en l'ouvrant sur les cupcakes au chocolat que contenait sa boîte noire. Elle le lui avait mit sous le nez si vivement que la jeune femme d'en face aurait pu se la prendre dans le nez, comme un projectile lancé à toute vitesse et s'arrêtant pile à quelques micromètres de la personne visée.

-"Bonjour, M. Ravie de vous rencontrer. Mon nom est Olly, Olly BlackStone. Comment allez-vous ?"

Le vieil homme se mit à esquisser un mince sourire.

- Un peu fatigué mais ces journées et ce travail ne m'aide pas à dormir comme il faut.

Être le chef du MI6 n'était pas de tout repos mais M n'abandonnerait pas sa mission. Il ne comptait pas partir en retraite, il ne partirait que mission accomplie. Son patriotisme lui avait permis de monter dans la Marine puis de devenir le chef des services secrets. Ses idées avaient souvent attiré la méfiance mais s'étaient avérées utiles à l'évolutions des services secrets. La mise en place de la Section 00 a été très contestée au départ mais semble s'être avérée utile.

-Bonjour Chef! Je vous ai ramené votre tiramisu de la semaine.

Pris dans ses pensées, M n'avait pas remarqué l'arrivée de Who. La jeune femme lui tendait une assiette avec une part de tiramisu et une cuillère.

- Bonjour Who, merci pour le tiramisu. C'est très gentil.

Il souriait franchement maintenant car il appréciait ces moments de détente quand une crise n'éclatait pas à l'autre bout du monde où qu'un agent n'était pas encore dans le pétrin. Chacun de ces instants étaient reposants et si agréables. En voyant Who et Olly BlackStone, il se disait évidemment que la relève était assurée pour le jour où il ne pourrait plus s'occuper du MI6. De si bons éléments pouvaient tout affronter s'ils restaient unis.

-Bonjour. Vous êtes nouvelle je suppose? Je m'appelle Who, je travaille à la section Q. Vous voulez un cupcake?

Who mit subitement la boîte sous le nez de la nouvelle employée. M conseillerait bien à Olly d'en prendre vu que Who n'appréciait pas qu'on refuse ses pâtisseries qui étaient pourtant si délicieuses. Il ne dit rien car Who pourrait se plaindre de passer pour quelqu'un de très susceptible s'il faisait la remarque. Ce n'était pas le cas pour M, il admettait que ne pas manger de si bonnes choses pouvait être un crime. C'est ce qu'il disait avec humour à ceux qui avaient eu le courage où plutôt la folie de refuser un des cupcakes de Who.

Telle une femme affairée qu'elle n'était absolument pas, Diana marchait, un énorme dossier sous le bras. N'importe quelle personne la voyant actuellement pouvit se dire que c'était une femme d'affaire occupée mais ce n'était pas le cas. En effet, aujourd'hui, c'était son anniversaire, et, pour fêter cela, le fils d'une de ses seules amies, qu'elle ne voyait que très rarement, lui avait offert tous les dessins qu'il avait fait depuis le début de l'année, à savoir plus d'une cinquantaine. La jeune brune avait décidé de les accrocher dans son vestiaire, pour faire comme dans les films, et elle se dirigeait donc pour cela vers le QG.

Arrivant près de l'entrée, elle put voir M, accompagné de Who et d'une jeune fille inconnue au bataillon. Mais cela n'était de loin pas le plus important. Comme à chaque fois qu'elle n'était pas en mission, son cerveau d'enfant était activé. Et la principale chose à voir à ses yeux était évidemment les gâteaux que Who collait à présent sous le nez de l' inconnue.
Ni une ni deux, elle se précipita sur Who, hurlant tout au long de sa course histoire de prévenir tout le monde de son arrivée.

- Gâteaaaaaaaaux !

Après avoir enfourné deux petits gâteaux, elle se rendit enfin compte du regard pesant qui planait sur elle, notamment de la part de M, elle tenta un sourire angélique avant de prendre la parole.

- Salut tout le monde ! Désolée chef pour le raffut ! S'excusa-t-elle. Et vous êtes qui mademoiselle ? Enchaîna-t-elle à l'encontre de son inconnue.

Lâchant la boîte de patisseries, elle raffermit sa prise sur ses dessins cadeaux d'anniversaires, et fit coucou de la main à Who qui la regardait plutôt bizarrement, et avec raison d'aileurs..