Miles Messervy détestait ce genre de cérémonies, ce genre de départ agencé comme un spectacle. Cela avait un côté peu sérieux qui lui déplaisait fortement. Même s'il se devait de faire ses adieux devant le service, ça ne valait sûrement pas le coup d'inviter des journalistes. M a toujours été une entité secrète planant au dessus du MI6 et cela devait le rester. Contrairement à ce que certains pensaient, le monde de l'ombre existe toujours bel et bien.

L'ancien M avala une gorgée de café en écoutant le discours du Premier Ministre. Il en faisait beaucoup trop et cela devenait difficile de se souvenir qu'il avait été ami avec un tel homme. Une fois le discours fini, il se dirigea aussi vers le micro pour prendre la parole. Il salua du regard Bill Tanner en se rendant à cette place mais ne montra aucun signe de familiarité avec les autres personnes qui étaient dans l'assemblé. Cela rendrait les choses plus faciles au final. 

- Messieurs, je n'irais pas par quatre chemins. Je remercierais néanmoins Sir Lawliet pour son art de la synthèse. Je compte quitter le MI6 non pas car ce travail est éreintant et devenu trop difficile pour un homme de mon âge mais pour une toute autre raison, j'ai l'intention de faire un pari avec vous. Je décide de parier sur la nouvelle génération du MI6, les jeunes personnes qui ont décidé de prendre en main ce service et de faire sa modernité pour les années à venir. Je fais confiance à toutes ces personnes pour permettre aux services secrets d'être toujours aussi compétents même en situation de crise.

Il ne pensait pas particulièrement à Barbara Mawdsley qui était déjà assez âgée mais à des gens comme Nathaniel Hawking, Oomyo Nazo ou encore des jeunes agents comme Stephanie Dent et bien d'autres.
Il ne voulait pas en dire plus que ça. Il devait vite abréger ce discours.

- Encore merci à vous pour votre attention et j'espère que celle qui me succédera ne vous décevra pas et dirigera ce service avec brio. Encore merci, au revoir.

Miles Messervy descendit de l'estrade avec sa cane et contrairement aux quelques personnes qui commençaient à s'abreuver au pot d'une sangria bon marché. Miles prit une porte de sortie discrètement et versa deux doigts de whisky dans un verre et resta ici tranquillement à savourer le liquide ambré. Il devrait partir, il ne supportait pas de dire adieu à ces gens-la donc il partirait à l'improviste. Il préférait cette solution à toutes les autres.

Miss Moneypenney, la secrétaire de M était très touchée par ce départ. M et Moneypenney avaient passé de beau moment au travail. Ils avaient entreprit une bonne relation entre collègue. M a toujours fait du très bon et même de l'excellent boulot au sein du MI6. C'était certain !!! Moneypenney sous l'émotion alla vers l'estrade faire un petit discours le verre à la main. M était déjà en train de chercher une sortie pour fuir l'événement.


- Félicitations pour ton excellent travail M ! Profite bien de ton départ pour te reposer, tu le mérite bien. Tu mérite même un prix d'excellence, ça serait un honneur pour moi de te le donner si je l'avais entre mes mains. Je vais me contenter de donner un toast pour toi. Je lève mon verre à M. Pour tous les services qu'il a rendu et pour toutes ces années partager avec nous. A M. Et elle prit une gorgée en levant son verre avec tous les autres. M, je vais m'ennuyer de vous, bonne chance dans vos prochaines démarches.



Après son fameux discours, elle laissa place à quelqu'un d'autre et alla s’asseoir à sa chaise. Son discours avait été un moment fort d'émotion pour beaucoup. Le charme et la simplicité de Moneypenny séduisait les gens avec qui elle partagea ce toast en l'honneur de M. Il allait beaucoup lui manquer...

Au moins, une chose était sûre à propos de la jeune femme: elle était certainement la seule personne qui n'avait pas ri à la petite blague du Premier Ministre sur le fait que Sir Messervy ferait peut-être de la politique par la suite, et elle n'était certainement pas celle qui avait applaudi son discours.
 
Elle n'avait pas non plus levé son verre et le discours de Miss Moneypenny ne l'avait absolument pas inspiré, et elle avait même soupiré; pourtant, elle appréciait fortement cette femme. Mais autant dire les choses comment elles l'étaient: elle n'était vraiment pas de bonne humeur et était plutôt en rogne. Elle n'aimait pas spécialement le changement, et le départ de M en était un énorme pour elle; déjà qu'elle n'avait pas pu supporté le fait que son père ait décidé d'être remplacé par Nathaniel Hawking; et il avait fallu un petit temps pour s'adapter.
Du temps. Pour les deux concernés.
 
Pour l'heure, l'agente de la section Q avait autre chose à faire, et bien qu'elle avait accepté de venir parce qu'elle avait reçu une invitation, elle avait vraiment envie d'être ailleurs.
Bon...en fait elle n'avait même pas voulu venir du tout; elle aurait préféré rester à la maison. Mais le major Boothroyd avait fortement insisté pour qu'elle sorte, au moins pour qu'elle puisse se changer les idées après ce qu'elle avait vécu.
Chose qui s'était transformé en défi pour le major, puis en joute verbale. Joute qu'il avait d'ailleurs perdue; mais il avait tout de même réussi à la convaincre de se changer en vitesse pour aller au siège du MI6, surtout avec un argument imparable. Et c'était d'ailleurs dans ces moments-là que l'ancien Q se remémorait les fois où sa fille, étant gamine, essayait toujours de le tuer ou de s'enfuir avant qu'il ne parvienne à trouver la solution pour éviter de finir en charpie; et dès qu'il en parlait à quelqu'un, brièvement, il s'exclamait toujours: "Ah ! Le bon vieux temps ! Elle a toujours eu beaucoup d'imagination !"; ce qui faisait souvent paniquer les gens, mais...ce n'était qu'un bref détail.
 
Enfin qu'importe, revenons au sujet qui nous intéresse.
 
La jeune femme se leva prestement, peut-être un peu trop car son père assis juste à côté d'elle dût l'aider à se rattraper vivement. Il se leva donc lui aussi, et elle le gratifia d'un bref sourire pour lui dire merci. Doucement elle alla rejoindre M; et juste avant, elle avait posé son verre sur une table, n'en ayant même pas bu le contenu. Le major Boothroyd la regarda s'éloigner et sortir par la même porte de sortie que Sir Messervy. Ladite porte se referma derrière la jeune femme.
 
Who faisait maintenant face à son patron...pardon...son ancien patron, vu qu'il avait décidé de céder désormais sa place à quelqu'un d'autre.
 
-Alors...c'est décidé ?...c'est vraiment pour de bon cette fois-ci ?
 
Elle était triste, mais rien ne le montrait. Même pas sa voix. Ses silences et ses hésitations n'étaient le reflet que des mots qu'elle recherchait pour dire ce qu'elle voulait faire comprendre à M.
 
-M...vous allez vraiment tous nous manquer, enfin...Miss Moneypenny l'a déjà dit mais...
 
Elle s'adossa contre la porte soudainement, empêchant quiconque voudrait se joindre à eux par inadvertance ou non de rentrer, se tenant le ventre de sa main droite. Et elle ne parlait pas assez fort pour qu'on puisse l'entendre; à dire vrai, elle se sentait plutôt faible avec les derniers évènements, toutes ces histoires la fatiguaient.
 
-...vous...vous vous souvenez de ce jour funeste où j'ai été enlevée et que je suis revenue ?...je...M...je suis enceinte...cela va faire quatre mois...
 
Elle regarda Sir Messervy droit dans les yeux. Elle ne pleurait pas, mais on voyait qu'elle était en détresse.
 
-Pourquoi partez-vous maintenant !?

Il avait écouté le discours de Miss Moneypenny avec attention mais ne voulait pas en entendre plus, ce n'était pas ce qu'il souhaitait. Si le but était de créer un départ larmoyant, c'était la mission réussie par Lawliet et sa clique. La décision de partir ne revenait pas seulement à M lui-même, des gens haut-placés avaient aussi fortement appuyé son départ. Le vent est à la modernité et c'est même ce que pense ce cher gouvernement. 
Miles Messervy pourrait profiter d'une retraite confortable et continuerait néanmoins à garder le contact avec ses nombreux amis du service. Ce n'est pas comme si c'était réellement la fin de sa vie, ce métier pouvait vous tuer si vous devenez trop faible pour prendre les décisions.

-Alors...c'est décidé ?...c'est vraiment pour de bon cette fois-ci ?


Il n'avait d'abord pas remarqué Who qui était venue directement s'adresser à lui. M comprenait parfaitement le silence d'Oomyo. Geoffrey Boothroyd étant l'un de ses plus vieux amis, il la connaissait depuis longtemps. 


- J'en ai bien peur oui, on finit tous par vieillir un jour et on est obligés de céder la place. J'ai confiance en vous tous, continuez à faire du bon boulot.

M remarquait que quelque-chose n'allait pas, ce n'était pas simplement son départ. Ce n'est pas comme s'il était mort et enterré, il continuerait à vivre et sûrement en bon grand-père pour la jeune fille qu'il avait finalement adopté ce funeste jour. Personne n'aurait plus à s'inquiéter pour ce vieil homme, il avait remarqué qu'il manquait aussi quelqu'un. D'autres refusent encore ce départ notamment James Bond qui avait totalement refusé de venir.
Il était conscient qu'il allait leur manquer mais il avait confiance en Barbara pour réussir à reprendre le service en main. Adossée à la porte, Who inquiétait assez Miles qui avait comme un mauvais pressentiment.

-...vous...vous vous souvenez de ce jour funeste où j'ai été enlevée et que je suis revenue ?...je...M...je suis enceinte...cela va faire quatre mois...


M tenta de dissimuler sa surprise mais c'était très difficile. L'enfant du Roi Sombre ? Who ? Que s'était-il vraiment passé ce jour-la ? Il n'en revenait pas...


- Geoffrey est au courant ? Pourquoi ne nous as-tu rien dit ? Tu étais en droit d'éviter que la grossesse en arrive la, je ne comprends pas...

Miles était quelqu'un d'endurci mais ayant connu Oomyo depuis longtemps, il ne comprenait pas pourquoi cela le touchait autant et de plein fouet. Il prit le contrôle de lui-même, il voulait éviter une autre attaque. Il avait déjà failli succomber la dernière fois.

-Pourquoi partez-vous maintenant !?


- Je crains que je n'ai pas d'autre choix. J'ai failli à ma mission lors d'une prise d'otages mettant en jeu des centaines de vies, je suis devenu trop vieux pour ce métier et il a failli me tuer pour cette raison. Je suis désolé, je ne pouvais pas faire autrement.



Il ne savait plus quoi faire au point où il en était. Cela faisait beaucoup d'informations à encaisser mais heureusement qu'il n'aurait plus le stress de la profession pour lui en rajouter. Il en serait peut-être mort s'il n'avait pas accepté de s'arrêter.