Zurich, Suisse
17h39

Le moteur rutilant empêchait Makarov de dormir à l'arrière de cette Mercedes noire. Ils partageait la banquette arrière avec un homme au visage rougeaud qu'on appelait Yuri. Le canon de son UZI dépassait maintenant de sous la banquette vu qu'ils avaient été secoués sur l'autoroute. Makarov, lui, avait préféré garder son arme dans son holster. Il ne risquait pas de la perdre de cette façon mais devait croiser les doigts pour qu'ils ne soient pas arrêtés par les autorités suisses.
Les deux hommes au volant bavardaient en allemand pour tester leur connaissance de la langue. L'un d'eux alluma la radio et Makarov put comprendre des bribes de ce qui se disait.

" Le ministre des affaires étrangères américain a fait le déplacement...Le gouvernement russe tiendra ses engagements ce soir...Une collaboration enfin totale entre les anciens ennemis de la Guerre froide..."

L'un des chauffeurs dégoûtés éteignit la radio. Il ne voulait apparemment pas en entendre plus aujourd'hui. L'homme sur le siège conducteur était connu sous le surnom d'Hauzen mais on ignorait son vrai nom. Le conducteur s'appelait Boris Pedatchenko. Makarov se demandait bien ce qu'il foutait ici au final et pourquoi il se faisait passer pour Dimitri Nemerov aujourd'hui.


Quelques semaines plus tôt à Kazan

Rendez-vous nocturne dans un des nombreux HLM des quartiers pourris de cette ville russe. La neige tombait à petits flocons et vu la température, ça allait sûrement encore tomber. Makarov portait un long imperméable noir et une chapka quand il arriva à l'entrée du bâtiment. Il appuya sur l'interphone et entendit une voix.

- C'est l'électricien ?

Makarov sourit en entendant la voix et répondit.

- Non c'est le plombier, espèce de vieux gâteux.

La porte se déverrouilla, il appréciait l'humeur du général Gogol a inventer des mots de passe originaux et non dénués d'humour. Il monta dans l'ascenseur et appuya sur le numéro huit. Les numéros défilèrent sous ses yeux jusqu'au moment où il arriva au bon étage. Il passa la porte de l'ascenseur et vit que le chef des services secrets russes avait ouvert sa porte. Makarov s'avança et entra dans l'appartement.
Le général Anatol Gogol était assis dans un fauteuil assez confortable et observait le jeune agent du SVR.



Il invita Makarov à s'asseoir, ce qu'il fit immédiatement.

- Je sais que vous avez été malmené lors de votre dernière mission en Chine mais je vais avoir un travail à vous confier et vous êtes le seul agent que j'ai sous la main.

Malmené ? Ce n'était pas tout à fait exact mais Makarov et l'agent chinois avait décidé évidemment de taire leur petite partie de jambes en l'air chez l'ennemi. Il se demandait ce qu'en aurait dit le chef du SVR, sûrement en aurait-il ri mais autant ne pas prendre de risques. On sacrifie toujours une partie de soi-même en mission, c'est ce qu'aiment répéter les agents de terrain.

- Je suis prêt à repartir en mission si tel est votre désir général. Quel est le problème ?

Le vieil homme sortit une photo qu'il posa sous les yeux de Makarov.



- Cet homme porte le surnom d'Hauzen et dirige vraisemblablement l'Armée des Oubliés. Ce groupe terroriste sévit en Russie et son unique but est de rétablir une relation de conflit entre notre pays et les Etats-Unis d'Amérique. D'après ce que l'on a appris, ils sont armés par un autre groupe terroriste baptisé Hell Gate mais nous n'avons aucune information sur ce groupe. Nous avons appris que l'Armée des Oubliés préparait un coup contre nos politiques et ceux américains qui allaient se rencontrer à Zurich dans une semaine.

Makarov prenait des notes sur son calepin qu'il relirait avant de brûler. Il ne devait oublier aucune information essentielle, c'était le propre de tout agent.

- L'Armée des Oubliés recherchait un expert en explosifs et nous avons répondu à leur annonce sous le nom de Dimitri Nemerov. Vous avez rendez-vous avec Hauzen demain matin où il risque de vous soumettre à des tests. Il se méfiera de vous mais vous devrez tout faire pour gagner sa confiance et faire en sorte que tout se passe bien en Suisse. Ce sera tout agent Makarov, des questions ?

Makarov acquiesça, il avait les infos nécessaires pour démarrer cette nouvelle mission. Maintenant, il s'appelait Dimitri Nemerov, il reçut une fausse carte d'identité pour mieux tromper Hauzen.


La Mercedes se gara derrière l'imposant bâtiment où aurait lieu la rencontre. Quelques gardes suisses semblaient surveiller les environs avant l'arrivée des politiques. L'entrée principale était bien sûr exclue comme plan. Ils avaient réussi à graisser la patte du garde suisse en charge de l'armurerie par laquelle ils passeraient. Ils allaient ainsi s'équiper avec les armes automatiques qui servaient normalement à la sécurité desdits politiques. Ils arrivèrent dans l'armurerie et verrouillèrent toutes les portes. Ils allumèrent une radio pour suivre l’événement en direct. Makarov se saisit d'un FN-FAL belge sur le mur et le chargea en attendant. Ils allaient devoir rester un moment enfermé ici en attendant que les politiques arrivent dans la gigantesque salle de conférence où la rencontre entre l'Ouest et l'Est aurait enfin lieu.
Il n'y avait que quelques couloirs qui séparaient l'armurerie de la salle de conférence. Ils pourraient y arriver vite et éliminer la sécurité rapidement.
Ils étaient arrivés à quatre dans une Mercedes et furent rejoints dans l'armurerie par cinq autres hommes. Il y avait donc huit terroristes à éliminer s'il pouvait le faire dans le feu de l'action. Il allait devoir jouer les preneurs d'otages pour le moment. Il n'y avait plus qu'à attendre...